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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/137

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

semblable au tien et qu’ils n’avaient vraisemblablement pas.

Ô jeune fille, tu as vu ce soir-là la vie à travers un nuage rose comme ta robe, tu as ignoré que ce nuage pouvait devenir jaune comme la tromperie, noir comme le chagrin.

Il vaut mieux que tu aies ignoré ce qu’a dit le sénile peintre X… en te désignant, à la jeune comtesse X… dont il a fait le portrait et avec laquelle il est lié d’une étroite amitié qui ressemble à de la complicité :

— Tiens, voilà une nouvelle recrue ! Est-ce la demi-vierge de nos rêves ou va-t-elle le devenir ? Tâchez donc de savoir, ma belle amie, jusqu’où ou peut aller avec elle.

Il vaut mieux que tu ne saches jamais que ce charmant jeune homme qui a le mérite certain de t’avoir révélé le caviar d’abord, les premiers rêves d’amour ensuite, ne t’a fait la cour que parce qu’il s’était avancé aux yeux de ses camarades en disant :

— Cette petite me fait de l’œil, le dimanche, à la messe.

Il vaut mieux que tu n’aies pas compris le sens du regard que la colonelle X… jetait, à travers son face-à-main, sur tes fraîches épaules et ta