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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/153

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

grande douceur. J’avais perdu le sens de ma dignité et sans que je puisse m’expliquer tant d’audace, une impardonnable tentation me saisit.

« Je fus prise de l’envie irrésistible de me lever brusquement, profitant du sommeil de miss, et d’aller poser mes lèvres sur les yeux brillants pour les fermer, sur la bouche plissée par un peu d’ironie de l’inconnu. Aurais-je accompli cette folie ? Je ne sais. Heureusement, nous arrivions. J’appelai miss. Elle descendit la première et, comme j’étais debout, l’inconnu saisit brusquement ma main et, en guise d’adieu, baisa les doigts que je lui abandonnai, en les mordant un peu.

« Sur le quai seulement je recommençai à être confuse.

« Heureusement, me dis-je, que je ne le verrai plus.

« Le break des X… nous attendait avec Clara. Quelle ne fut pas ma stupeur et mon effroi en apercevant mon inconnu qui causait familièrement avec le cocher, puis qui s’installait dans le break. Pendant que le valet de pied me suivait avec mes bagages, la honte et la peur se disputaient mon esprit. J’étais dans une situation des plus délicates et je ne pouvais compter que sur la discrétion de cet homme.