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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/154

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

« Je me rassurai lorsque je le vis descendre hâtivement et m’aider à monter avec un respect qui signifiait clairement que je n’avais rien à redouter. Il se présenta. Je lui dis aussi mon nom en insistant sur le mot « mademoiselle ».

« Du salut qu’il me rendit je conclus à un pacte tacite.

« Il y avait désormais entre nous un lien de complicité qui nous liait plus que des serments.

« Et durant les trois quarts d’heure de voiture qui nous séparaient du château, nous échangeâmes les paroles les plus banales sur la gentillesse des X…, le temps qu’il faisait, nos relations communes.

« J’étais, dès ce moment, profondément troublée par Raymond — c’était le nom de mon inconnu du chemin de fer. — Je ne pensais déjà plus à mon imprudence, à la mauvaise opinion qu’elle pouvait donner de moi à tous les jeunes gens du château, car je n’ignore pas avec quelle liberté les hommes se racontent leurs aventures en les exagérant.

« Je sentis combien j’étais prise, le soir, à table, à la déception que j’éprouvai de n’être pas à côté de lui et je maudis Blanche de ne pas avoir disposé les places selon mon secret désir. Mais son œil,