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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/155

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

qui brillait au-dessus d’un plateau de mandarines accumulées, me consola un peu.

« Nous ne pûmes échanger aucune parole après le dîner, parce qu’on chanta et qu’on joua du piano. Mais en me retrouvant seule dans ma chambre ensuite, je fis mille projets de coquetterie. Ce qui dominait dans mes pensées, c’était un goût ardent de baisers, de frôlements ; cette aventure me grandissait à mes propres yeux ; j’étais exaltée et amoureuse. Je m’imaginais que lui-même, à cette heure de la nuit, pensait à moi, était aussi troublé que moi. Mon imagination aidant, je crus entendre à plusieurs reprises qu’on grattait à ma porte. Je me dressais sur mon lit, le cœur battant, prête à aller ouvrir, malgré la folie de cette action. Mais ces bruits étaient enfantés par mon cerveau et je m’endormis tard, le corps moite.

« Je te passe la matinée, interminable : la matinée où il n’arrive jamais rien, la matinée où le parfum du chocolat et de l’eau de Botot enlève à la bouche la saveur des baisers.

« Je te passe le tennis où je m’efforçai de bondir avec art pour que la ligne pure de mes jambes lui apparût et où je cambrai mes reins et bombai ma poitrine en lançant les balles pour donner à ma silhouette tous ses avantages.