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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/157

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

pour nous contrarier, soit par l’espérance insensée de se faire faire la cour par Raymond, soit par néant de pensées, elle s’attacha à nous avec obstination, persévérance, ténacité.

« Notre froideur, notre attitude étrangère à sa présence, puis ensuite notre course à travers les massifs, rien ne la découragea.

« Elle nous suivit, se cacha avec nous, nous ravissant ainsi la joie que nous nous étions promise.

« À la seconde partie, nous ne pûmes nous débarrasser d’elle davantage. Il y avait un grand fossé à l’extrémité du parc, nous y allâmes, résolus à le franchir et à perdre notre désagréable compagne. Raymond sauta le premier, me tendit la main, mais oublia sciemment de l’aider.

« Quelle ne fut pas notre stupeur quand nous l’entendîmes déclarer avec allégresse que rien ne l’amusait comme ces passages difficiles et quand nous la vîmes hardiment écarter les feuillages et gravir légèrement derrière nous, la robe relevée et nous montrant une jambe odieusement maigre.

« Nous étions très tristes.

« Nous avions devant nous un champ de blé, fraîchement coupé, et la lune en faisait étinceler les paillettes sèches.

« On entendait au loin chanter les crapauds