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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/158

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

d’une mare ; tout près de nous un grillon que nous avions effrayé se tut, puis reprit son bruit sec et régulier ; nous songions au bonheur que nous aurions éprouvé à être seuls, à la douceur du baiser sous la lune.

« Raymond avisa une toute petite cabane pleine d’outils, il y alla, en poussant la porte, et déclara que c’était une cachette excellente, où deux personnes seulement pourraient tenir.

« — Nous nous serrerons un peu, dit Céline.

« Raymond entra le premier. Céline vint la dernière et referma la porte.

« Notre séjour ne dura que trois minutes, mais ces trois minutes furent rares et délicieuses.

« Un mince rayon de lune filtrait entre deux planches. Toute la douceur de la nuit descendait avec lui jusqu’à nous. Céline discourait à perte de vue sur les possibilités qu’il y avait pour que nous soyons découverts.

« Je sentis les lèvres de Raymond sur mon cou. Debout derrière moi, il avait mis ses deux mains sur mes épaules et il m’embrassait doucement.

« — Ne bougez pas, on vient, chuchota Céline.

« J’avais perdu la notion des choses, dans la demi-inconscience où m’avaient plongée la nuit et la volupté.