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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/169

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

arrivée à connaître des personnalités politiques importantes. Mon imagination travailla encore. Je méprisai mes humbles relations de province. Je me vis courant les ministères avec des lettres de crédit signées de noms considérables, je pensai au télégramme joyeux que j’enverrais à mon mari pour lui annoncer une nomination en France qu’il me devrait.

« Le lendemain je m’habillai avec le plus de recherche possible, je passai une heure devant mon miroir et une voiture me porta devant un petit hôtel du faubourg Saint-Honoré, où je sonnai avec émotion.

« J’augurai bien de l’élégance de l’antichambre et du sourire presque affectueux de la bonne.

« Je tendis ma carte : Le Sous-Préfet et Mme V…, sur laquelle, d’un léger coup de crayon, j’avais effacé le mot sous-préfet.

« La bonne prit la carte et la lut avec une curiosité avide qui me surprit un peu.

« J’entrai dans une sorte de petit salon. Je n’étais pas la première arrivée pour le thé, car j’entendis des voix d’hommes, un bruit de portes qui battaient, puis je compris que quelqu’un s’en allait et j’entendis ces mots auxquels, sur le moment, je ne prêtai aucune importance, croyant qu’ils dépendaient d’une conversation précédente :