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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/172

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

l’envie de m’en aller. Il était trop tard. La porte du salon s’ouvrit ; j’avais devant moi un monsieur d’un certain âge, d’un aspect infiniment correct.

« — Voilà la petite amie dont je vous ai parlé, dit la maîtresse de maison, sans prononcer ni mon nom ni celui du monsieur.

« Et comme il me baisait la main, elle se retira.

« Le monsieur était décoré, il avait un lorgnon et s’était assis dans une pose nonchalante qui me donna la sensation d’une grande intimité dans la maison, mais qui me choqua.

« La conversation s’engagea, il me fit de grands compliments sur mon physique et dit des phrases telles que celles-ci :

« — C’est à vous, tous ces grands yeux-là…

« — Comme vous devez avoir un joli corps…

« J’étais rouge de honte. La nomination de mon mari me semblait tomber dans un abîme. J’avais le sentiment de m’être fourvoyée, d’avoir pénétré dans une région de la vie inconnue pour moi.

« Je me levai et jetai un regard vers la porte. Sans doute se méprit-il sur ce geste, car il se leva aussi, me prit la taille et essaya de m’entraîner avec lui sur le canapé.

« Je me dégageai et poussai un grand cri. Une épouvante me saisit. Je descendis l’escalier en