Aller au contenu

Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

184
L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

ma fille. Je lui avais écrit pour son anniversaire. Déjà dix-huit ans ! Si j’osais, je n’avouerais pas son âge à ceux qui la connaissent. J’ai la faiblesse de ne pas parler d’elle à ceux qui ne la connaissent pas. Que dirait Henri B… s’il savait que Paulette a dix-huit ans ? Il ne le croirait certainement pas.

« Henri B… m’a dit tout à l’heure :

« — Vous rappelez-vous notre conversation le jour de votre départ d’Évian ?

« Je ne me la rappelais pas du tout. J’ai répondu : « Oui, je me la rappelle », en prenant un air rêveur. Sans doute cette conversation avait dû être tendre, car il m’a pressé la main.

Puis il a semblé me détailler.

« — Vous avez changé, m’a-t-il dit. Vous avez engraissé, et puis vous êtes moins gaie.

« — Est-ce un mal ?

« — Mais non, a-t-il répondu avec moins d’enthousiasme qu’il ne fallait.

« Sur ces entrefaites arriva Mlle Élisabeth, l’odieuse institutrice, moulée d’une façon déplacée pour sa situation dans une robe claire, les cheveux trop bouffants, un bouquet à son corsage, avec un air moins grincheux que d’habitude.

« — Comment la trouvez-vous ? lui dis-je rapidement.