Aller au contenu

Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

186
L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

moins le premier soir. J’éteins ma lampe et je me couche heureuse.

« Mercredi soir. Ce qui est arrivé est inouï. Je suis déchirée dans mon amour-propre. J’ai perdu toute ma confiance en moi.

« Nous sommes tous partis aujourd’hui, dans les deux breaks du château, pour aller déjeuner au pied d’une hauteur où il y a des ruines que visitent les gens curieux.

« Dans la voiture, Henri B… m’a regardée comme il convenait, tendrement et avec reproche. Il m’a pressé le pied avec le sien. Mais le malheur a voulu que Mlle Élisabeth soit assise à côté de lui, en face de moi.

« Elle lui a demandé ce qu’il pensait du mouvement philosophique en Allemagne. Je l’aurais giflée ! Henri B… a voulu montrer qu’il connaissait parfaitement ce mouvement et il s’est mis à parler longuement. J’ai été ainsi exclue de la conversation, car j’ai pensé qu’il valait mieux affecter un silence dédaigneux pour le mouvement philosophique allemand qu’émettre sur lui des opinions erronées où mon ignorance se serait trahie.

« À partir de cet instant, toutes les fois qu’il a été parlé d’une chose ayant un caractère intellectuel,