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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/193

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

« On gratte à ma porte. J’ai un mouvement de joie. Il me désire donc ! Mes craintes sont vaines ! C’est lui certainement. Mais comment, après sa conduite de cette après-midi, ose-t-il faire cette tentative ? Je prends ma revanche. Je vais le punir. Il voit que je suis là, puisque l’électricité est allumée et doit filtrer à travers la porte. Je fais du bruit pour qu’il sache que je suis bien éveillée. Je ne lui ouvrirai à aucun prix et il réfléchira à ce qu’il aura perdu.

« Quelques minutes viennent de s’écouler. On gratte encore. Il ne perd pas patience. J’entends sa voix, comme un souffle, qui murmure :

« — Je vous en supplie. Ouvrez-moi. J’ai à vous parler.

« Il y a de la tristesse dans cette voix. Si vraiment il avait quelque chose à me dire ? si ses intentions n’étaient pas celles que je suppose ?

« De toute façon, je ne risque rien. Et quel plaisir j’aurais à lui dire quelques mots bien sentis sur son institutrice.

« J’hésite. S’il allait repartir et, de désespoir, quitter le château ? Sa conduite avec l’institutrice a été peut-être une comédie pour exciter ma jalousie et alors je dois pardonner.

« Il appelle encore. Ma foi, tant pis, je vais ou-