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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/195

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

quittés de la journée. Il lui a fait presque ouvertement la cour. Il ne m’a adressé que des paroles banales et polies. Est-ce un jeu ? En tout cas, j’en suis irritée.

« Cette institutrice me regarde comme une rivale et elle me jette des regards pleins de supériorité.

« Vendredi matin. Henri B… est revenu à minuit. Il a répondu par monosyllabes à tout ce que je lui ai dit et il m’a vite embrassée sur les lèvres pour me faire taire. J’ai cédé encore.

« Henri B… est une nature bien curieuse. Il a de la passion, mais pas de tendresse. C’est un mélange d’audace et de crainte enfantine. Il a tout de suite peur qu’on l’ait vu dans le couloir, qu’on nous surprenne ensemble, et il est à peine arrivé qu’il songe à repartir.

« Vendredi soir. L’institutrice est en guerre ouverte avec moi. Elle a, aujourd’hui, amené habilement la conversation sur les enfants et elle a dit :

« — Qui pourrait croire que Mme M… a une grande fille de dix-huit ans ?

« J’ai rougi et j’ai balbutié. Mais cela n’a pas paru frapper autrement Henri. Il a répété distraitement :

« — Dix-huit ans ! dix-huit ans !