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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/210

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Mais, un jour, il arrive une heure de solitude, dans un cadre donné, dans une atmosphère spéciale, et cette heure à laquelle on n’avait pas songé devient l’heure décisive.

Cela peut être dans le salon de la femme, après une énervante réception de gens indifférents, quand l’amant, après une longue attente, au bruit des tasses de thé et des papotages insignifiants, arrive enfin à la minute où il retrouve sa maîtresse seule à seul.

Cela peut être dans un parc, à cinq heures, un jour où les nuages sont bas, où de l’électricité flotte dans l’air, et où les premières gouttes d’une pluie d’orage forcent les amants à s’abriter tout près l’un de l’autre dans un fourré.

Cela peut être au cours d’une longue promenade en automobile, dans la chambre d’auberge où ils sont allés se laver les mains et où ils se sont arrêtés, surpris par l’odeur du fourrage et de linge lavé.

Mais, où que ce soit, les gestes sont les mêmes, la cause ne diffère guère.

Brusquement, l’homme a précisé le contour charnel d’une hanche, une jambe s’est modelée entièrement sous l’étoffe légère de la robe, un parfum de peau plus violent s’est dégagé du corsage. Des semaines de cour sentimentale sont abolies, la