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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/211

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

tendresse avec son respect et son charme s’est évanouie, une poussée inattendue de l’instinct enlève toute conscience à l’amant.

Sur le canapé du salon, sur l’herbe du parc, ou sur le lit grossier de la chambre d’auberge, il a couché sa maîtresse, les yeux fixes, audacieux, brutal.

Elle, effrayée de la distance si rapidement franchie, prie et résiste.

Un entêtement obscur est dans le cerveau de l’homme. La satisfaction de son désir est la seule action possible. Il risquera tout, même l’avenir de l’amour auquel il tient tant, pour triompher. Il broiera avec fureur les poignets délicats, naguère si tendrement baisés, il déchirera sans remords le linge, il perdra pour lui-même toute pudeur.

S’il est aimé, la femme cédera à la fin, lui laissant croire peut-être que c’est à la force qu’il doit sa victoire. Et il aura alors quelques secondes d’une incomparable volupté, qu’il fera vraisemblablement partager à sa maîtresse. Dans ce cas, ils se feront grâce aisément l’un et l’autre, des confusions, des larmes, des reproches, des remords. L’entente physique qu’ils auront découverte par la brusquerie de l’action leur fera entrevoir les bonheurs prochains et calmera leur conscience.