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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/218

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Je n’ai jamais pu m’expliquer le prestige légendaire dont jouissent les officiers de cavalerie auprès des femmes. Il s’exerce pourtant — et avec une grande puissance — dans les villes de garnison, sur les gérantes de cafés et de bureaux de tabac, les modistes et les demi-mondaines. Il s’exerce aussi sur les jeunes filles du monde, et il est universellement entendu en province qu’une jeune fille riche qui épouse un officier de cavalerie pauvre fait un mariage brillant et honorifique.

Je ne comprends pas pourquoi le fait de commander à des soldats et de monter à cheval semble prédisposer cette catégorie d’hommes à l’amour.

Je crois que c’est une grande illusion qui conduit beaucoup de femmes à des déceptions.

Charlotte V… avait raison. Elle me disait :

— J’ai passionnément aimé Hubert de L…, officier de hussards. Mariée comme Bovary à un médecin de petite ville, il représentait pour moi l’idéal romanesque. Mais je l’ai aimé seulement jusqu’au jour où j’ai été sa maîtresse. Quelle surprise de voir qu’un officier de hussards ne me donnait presque que de l’idéal ! J’ai réfléchi ensuite et je me suis dit que celui qui se lève à quatre heures du matin pour des manœuvres, qui passe sa journée à cheval, ne peut être qu’un médiocre