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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/219

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

amant, le soir venu, plus disposé, si l’on reste dans ses bras toute une nuit, au sommeil qu’à l’amour.

Le poète d’aujourd’hui n’a plus ses longs cheveux et sa redingote serrée à la taille. Il a rejeté cet attirail suranné de la séduction romantique. Il est vêtu d’une façon très moderne, il suit la mode et il la suit dans ce qu’elle a d’un peu inquiétant. Il a des cravates d’un violet tendre, des mouchoirs de soie. Il est précieux et efféminé.

C’est un chercheur de sensations rares et il exerce une action sur toute cette nombreuse catégorie de femmes qui dit préférer chez un homme l’intelligence à la beauté physique.

Il a une manière d’intelligence à l’usage des cœurs féminins, une petite vision d’art aisément comprise. Quelques vers de Baudelaire, du Schumann, la connaissance et l’explication de toutes les perversités modernes dans l’ordre amoureux, l’amitié des actrices célèbres, un peu de sciences occultes, un peu d’éther à la rigueur, une certaine nostalgie amère, et voilà de quoi troubler des âmes même difficiles.

Il n’a pas le loup de velours noir de don Juan, mais il a un masque de toile ou de cuir. Don Juan,