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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/221

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Adolphe était un homme maigre et pensif. Il était uniformément vêtu d’une redingote noire trop étroite qu’il gardait toujours boutonnée et d’un chapeau de feutre gris. Il avait autour du cou un grand foulard qui ne laissait pas apercevoir la plus petite parcelle de col, soit à cause d’un mal de gorge chronique, soit à cause d’une conception personnelle de l’élégance. Ses cheveux étaient légèrement roux et il discutait volontiers sur la psychologie des femmes.

De même que certains hommes montent chaque jour un degré sur la grande échelle de la vie, d’autres descendent insensiblement, non par manque d’intelligence, de volonté ou d’ambition, mais à cause d’une erreur première, parce qu’ils ont mal placé à l’origine le but de leurs efforts.

Vers sa dix-neuvième année, quand il fut nommé maître répétiteur au lycée de Vesoul, Adolphe atteignit un sommet qu’il ne devait plus retrouver. Son histoire fut depuis lors une longue décadence. C’est qu’à dix-neuf ans il crut découvrir un secret admirable et cette découverte devait être la cause de sa perte.