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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/223

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Toutes les fenêtres de l’hôtel étaient fermées et Adolphe apprit la noblesse des grandes douleurs. À des signes indiscutables il avait reconnu que la jeune fille l’aimait. Être aimé, être séparé de celle qu’on aime par une fatalité plus forte que vous, cela avait une saveur délicieuse. Il devait en garder toujours l’inguérissable désir.

Un jour, il rencontra à la gare un certain William, ami de collège, qui lui dit :

— Il n’y a pas de femmes en province, mon vieux. Viens à Paris. Avec un peu de physique — et tu en as — il te suffit de te promener sur les Champs-Élysées pour faire connaissance de femmes de la haute société, des nobles quelquefois. C’est bien simple. Elles ont peur de se compromettre en prenant des amants dans leur milieu, d’avoir des histoires, des scandales. Alors, elles les choisissent dans la rue. Mais il faut s’en occuper.

Et cela parut, en effet, très simple à Adolphe.

William avait ajouté :

— Viens me trouver. Je te procurerai une situation dans la Bourse, la publicité ou l’automobile.

Adolphe donna sa démission et vint à Paris.

Il s’étonna bien de voir que William avait pour maîtresse une femme qui avait passé la quarantaine et dont le langage était grossier. Mais il pensa