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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/230

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

contre une boutique : c’était celle d’un marchand de vins. Il y entra et commanda à boire. Ayant levé les yeux, il aperçut son visage dans une glace. Il vit ses cheveux plats et sales, une dent gâtée, sa barbe hirsute. Son col, naguère objet d’orgueil, était ridicule et trop grand ; il n’avait pas de manchettes ; sa redingote lui inspira du dégoût. Il fut saisi d’une détresse affreuse. Une fille en face de lui le regardait.

Alors Adolphe se souvint d’Alfred de Musset. Il se redressa, passa la main sur son front, fit semblant d’essuyer une larme, et comme il avait gardé le louis dans sa main crispée, il appela la fille et d’un grand geste romantique le lui donna.