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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/248

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L’AMOUR ET LES POISONS

Quel est l’homme qui pourrait ne pas s’éprendre d’une femme tant soit peu intelligente après une soirée de fumerie ?

Mon amie Odette, qui reçoit dans son salon oriental une société choisie et qui a dépassé la quarantième année, fait l’étonnement de ses amies par la qualité de ses liaisons. Elle n’a jamais été très jolie et maintenant elle n’a plus l’éclat de la jeunesse. Son amant est pourtant jeune et beau et de cette sorte d’hommes que toutes les femmes se disputeraient volontiers.

Je peux dire que tous les succès d’Odette sont dus à l’agréable disposition de sa fumerie, à l’organisation savante des éclairages, au choix des étoffes, à la profondeur des coussins et à la magie de l’opium.

Mais, plus encore que la vertu de la fumée noire, l’ambiance, l’atmosphère créée par mon habile amie agissent sur les esprits.

Comment, en effet, résister à ce décor un peu théâtral, intime et particulier, où il y a le charme des longues conversations amicales, la poésie de l’Orient ?

À la clarté d’une petite lampe qui tremblote, une femme retrouve sa jeunesse perdue. On fume, en effet, dans un peignoir japonais ou chinois et on a