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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/263

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L’AMOUR ET LES POISONS

Je n’en portais pas. Mais déjà Éliane dégrafait mon corsage et je me résignai à revêtir la robe japonaise dont le tissu était outrageusement transparent et qui se fermait fort mal.

Ainsi dévêtues, nous pénétrâmes dans la pièce voisine et j’avoue que mes pudeurs se calmèrent quand j’eus constaté qu’on y voyait à peine.

Deux hommes et deux femmes, outre le maître de maison, étaient couchés sur des matelas autour d’un plateau où brûlait une petite lampe avec un verre rougeâtre. Je remarquai des scarabées de métal suspendus à ce verre autour de la lampe, à côté d’un pot noir qui contenait l’opium, plusieurs petits personnages d’ivoire et un éléphant microscopique.

On nous présenta d’une façon confuse et aucun des visiteurs ne sembla prendre un grand intérêt à notre venue. Ils causaient entre eux à voix basse. L’une des femmes faisait grésiller l’opium sur la lampe et ils aspiraient chacun à leur tour dans la pipe de longues bouffées de fumée.

Je m’étais allongée auprès d’Éliane quand Odon parut à son tour. Il était si plaisant à voir dans un kimono trop long que je serais partie d’un grand éclat de rire si je n’avais pas craint de choquer par cette manifestation joyeuse des compagnons qui semblaient ennemis du bruit.