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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/264

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L’AMOUR ET LES POISONS

Les hommes parlèrent de leurs voyages, de séjours à Constantinople, en Indo-Chine, de liaisons avec des femmes de consul, de la guerre au Maroc. Les femmes racontèrent des potins de Toulon, comment on avait osé perquisitionner chez l’une d’elles parce qu’on la soupçonnait de tenir une fumerie.

Mais c’était une conversation assourdie, sans éclat de voix, entrecoupée de silences.

À la fin, soit par ennui, soit par esprit d’imitation, soit parce qu’un officier, dont le visage m’apparut, à la vague lumière, très sympathique, insista avec des paroles courtoises, je fumai aussi une pipe.

Du temps passa. Odon s’était, à mon grand ennui, rapproché de moi et faisait des tentatives timides et aussitôt repoussées pour me prendre la main.

L’opium grésillait toujours sur la lampe avec un bruit monotone et les femmes attendaient leur tour pour prendre la pipe avec une avidité jamais lassée.

Je refumai encore. Une douceur très légère m’envahit, si légère que je ne la ressentis d’abord pas et que je me plaignis de n’éprouver aucun des effets vantés de l’opium.

Le visage du jeune homme sympathique devint