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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/265

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L’AMOUR ET LES POISONS

insensiblement plus sympathique qu’auparavant, sa conversation s’anima, me parut d’un intérêt immense ; il me fixa et ses yeux étaient infiniment beaux.

Du reste, l’endroit où nous étions, les étoffes qui garnissaient les murs, les coussins sur lesquels je m’appuyais, une petite table où il y avait des citronnades, tout cela me semblait charmant, harmonieux, et je me félicitais en moi-même d’une soirée aussi agréable, parmi des hommes aussi cultivés et séduisants, des femmes aussi aimables et aussi réservées.

Et je m’étonnais cependant que l’opium que je continuais à fumer n’ait sur moi aucune action. Du temps passa encore. Les propos devinrent plus rares. Odon, près de moi, me demanda si je ne voulais pas bientôt partir. Je lui fis signe que non, mais je lus dans son regard et dans son attitude humble la fidélité, la bonté, toutes les qualités du cœur, et il me sembla qu’elles embellissaient soudain son visage. Je lui caressai les cheveux de la main.

L’officier sympathique était séparé de moi par le plateau et par la lampe. Il rayonnait maintenant de sympathie. Il était pour moi un tendre ami. J’aurais voulu lui faire des confidences, lui raconter toute ma vie.