LE POISON DES BAISERS
On a eu du chagrin, à la suite d’une déception ou d’une rupture, on a pleuré, puis on a séché ses yeux et on a pensé qu’on était consolée. On ne souffre plus, mais on a au cœur une grande sécheresse, une indifférence pour tout. On dit à ses amies que l’amour est une chose ennuyeuse et qui fait mal et dont il faut se garder, et l’on ajoute que, du reste, on est bien à l’abri soi-même, car on est désormais incapable d’aimer.
Or c’est l’été. On quitte Paris, parce qu’il faut quitter Paris et l’on s’en va n’importe où, dans un endroit où l’on ne retrouvera personne, où nul groupe joyeux ne vous a donné rendez-vous, à la montagne ou à la mer, dans cet hôtel, toujours le même, qui se dresse devant la plage ou dans la vallée ombreuse et où il y a le même portier, la même salle de restaurant, les mêmes familles, les mêmes rastaquouères.
On se dit : Je ferai au moins une cure d’air et de