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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/281

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L’AMOUR ET LES POISONS

fermées pour une femme qui ne désire pas d’aventure.

Cela, je le dis encore, peut en vérité durer quelques jours. Mais chacune de nous porte en elle une inguérissable habitude. Nous sommes intoxiquées par un poison dont la tyrannie est plus puissante que celle de l’opium, qui coule dans notre sang avec plus de fluidité que la morphine, enivre notre cerveau d’une vapeur plus subtile que celle de l’éther.

Cela se manifeste une fois, au crépuscule, au moment où nous changeons de toilette. Devant l’armoire à glace de la chambre d’hôtel nous nous regardons plus longuement, nous levons les bras, nous les embrassons même, pour constater une fois de plus le satiné de la peau. Nous nous étendons quelques instants sur le canapé, avant de mettre notre robe, et nous songeons. Un souffle chaud vient de la fenêtre entr’ouverte, on entend dehors des clic clac de fouet, les échos lointains d’un orchestre de casino.

Et brusquement dans le demi-jour de notre rêve apparaît un visage, un visage d’inconnu, qu’on a entrevu à peine et qui se dessine pourtant avec une netteté singulière.

C’est le visage quelconque d’un monsieur qui