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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/282

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L’AMOUR ET LES POISONS

est peut-être bien, peut-être mal, peut-être grand, peut-être petit, il n’importe ! c’est le visage de celui qui vous a fixée avec le plus d’attention, qui vous a suivie le plus de fois, qui vous a montré, toutes les fois que vous passiez auprès de lui, un mélange de respect et de désir, mélange où le désir prédominait sur le respect.

Et l’on se dit que cet inconnu doit être en somme intéressant et artiste, qu’il est une exception parmi les ennuyeux habitants de l’hôtel, que sa conversation doit être fine et charmante et que peut-être…

L’on s’arrête sur la pente de son rêve à cause des projets qu’on a formés. Mais l’on a une langueur étrange, une paresse à la fois et un énervement, un besoin de s’étendre et de sentir des bras autour de soi, des lèvres, surtout, auprès des siennes.

L’on ne se l’avoue pas encore. Mais le poison agit avec sûreté. Il nous fait des mains brûlantes, notre sang coule plus vite, nous sommes défaillantes et fiévreuses.

Ce soir-là nous nous habillons avec plus de soin, nous mettons tout notre art à poser du rouge sur notre joue, nous essayons tous nos chapeaux pour savoir celui qui nous va le mieux.

Et sur le perron de l’hôtel, sur la promenade au