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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/67

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

village d’Oo et je lui dis de déjeuner à ma table, en face de moi. Il accepta avec déplaisir. On nous servit. Il mangea énormément et parla le moins possible.

« Je lui offris successivement plusieurs petits verres qu’il but. Cela ne le changea pas.

« Je m’étais levée pour repartir. Je pris dans mon sac un billet de cent francs et je lui dis :

« — Voulez-vous payer ?

« Il le fit et revint, et, comme il me tendait un billet de cinquante francs et de l’or, je le priai de garder le tout pour lui.

« Il hésita, puis enleva son béret, le balança dans sa main et me dit :

« — Je remercie beaucoup madame.

« Et ce fut tout.

« Au lieu de la traditionnelle course du lac, je voulus revenir à Luchon par un sentier détourné où nous ne rencontrerions pas de promeneurs, où nous serions dans la vraie montagne sauvage.

« Nous prîmes donc un petit chemin qui bordait un torrent et nous montâmes très longtemps sous des arbres bas, le long d’une épaisse forêt. Des souffles frais venaient jusqu’à nous, il y avait un grand silence que troublait seul le bruit du pas des chevaux. Les arbres firent ensuite place à des