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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/82

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

On lui dit qu’elle a le type espagnol. Elle le dit aussi et elle le croit. Elle a chez elle une panoplie faite avec des castagnettes, un tambour basque et une mantille espagnole. Si dans la conversation on lui parle d’un habitant de Madrid, son œil devient brillant et elle dit : « C’est un Espagnol ! » avec une certaine émotion, comme s’il s’agissait d’un parent aimé qu’elle n’a pas vu depuis longtemps. Elle met un ruban rouge dans ses cheveux ; ses jupons sont écarlates. Elle n’a jamais vu ni Séville, ni Tolède, mais elle en parle comme de sa patrie. Son rêve est de chanter Carmen à l’Opéra-Comique ; elle y arrivera vraisemblablement un jour, bien que ni sa voix, ni son talent ne l’y disposent. Mais elle ambitionne en secret de jouer les Carmen dans la vie. Je suis sans crainte. Le couteau de don José n’est pas pour elle.

L’uniformité de costume et de genre affecte quelquefois un caractère professionnel. Les modèles, les femmes de peintres, les élèves de l’académie Julian chérissent le béret de velours, les cheveux en bandeaux, les capes. Elles ne peuvent guère être aimées ainsi que des peintres.

Les jeunes personnes qui se destinent au théâtre ont des voilettes flottantes, des chapeaux bizarres, des écharpes autour du cou, un je ne sais quoi de