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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/83

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

débraillé qui est, dans leur esprit, le laisser-aller d’une vie artistique ; leur attitude révèle une fatigue qui est censée provenir d’un surmenage moral effréné ; des mèches de cheveux s’échappent en désordre sur leurs épaules, à cause du souffle du génie qui les soulève.

Une jeune tragédienne qui commande une robe de soirée fait toujours faire une robe de velours noir, sans ornement, légèrement décolletée, qui semble s’harmoniser avec le caractère simple, triste et fatal qu’elle veut avoir.

Du reste, les hommes agissent de même. On reconnaît aisément le peintre, l’acteur, le boursier. Le magistrat porte des favoris, le rastaquouère a des bottines dont la tige est en daim, dont la claque est vernie. L’officier en civil garde intentionnellement un air militaire. Il semble que chacun s’enorgueillisse de sa profession, veuille faire savoir tout de suite aux gens qu’il rencontre, aux indifférents de la rue qu’il a telle occupation plutôt que telle autre.

Il y a aussi un uniforme pour l’oisif mondain, le snob.

Une femme qui veut plaire doit lutter contre cette tendance à être toujours semblable à elle-même. La mode l’y aide.