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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/235

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casier judiciaire ; la deuxième romanesque et fantomatique, dans un cadre de fictions et de mirages ; une face en grossière argile, l’autre en chrysocale. Toutefois, comme face et revers ne forment qu’une même médaille, il est indispensable d’en examiner séparément les deux profils.

Avant donc de laisser la parole à l’Enfant de France, nous croyons devoir dire quelques mots de l’humble enfant de la Limagne.


Victor Persat n’était pas né Dauphin, de même qu’il n’était pas né fou.

Il avait vu le jour, par une froide nuit d’hiver, le 10 décembre 1790, tandis que le vent soufflait du puy de Dôme et que la neige blanchissait la plaine marécageuse au centre de laquelle s’élève la petite ville d’Ennezat, son berceau. Il était le huitième rejeton d’une tige qui devait en produire deux autres encore après sa naissance[1].

Son père, Antoine Persat, originaire des environs de Lezoux, entreprenant, actif, fiévreux même, avait mené une jeunesse aventureuse et nomade. Ouvrier habile en ferronnerie et en mécanique, il avait poussé son tour de France jusqu’en Amérique. Après avoir parcouru les Antilles, il s’était fixé successivement à Port-au-Prince et au Cap-Français, principaux centres de la florissante île haïtienne, où les dissensions de castes et de couleurs n’avaient pas introduit encore des germes de décadence. Ses entreprises prospérèrent si bien que dix ans lui suffirent à amasser une fortune relative.

Il épousa en 1776 une jeune bordelaise, Marie-Jeanne Kaüsat[2], nature excellente, mais névrosée, impressionnable, exaltée. Il dit

  1. Les autres enfants étaient : 1° Jeanne-Marie, née à ... le 17 octobre 1778, mariée à Ennezat, le 23 nivôse an VI, à Antoine-Jacques Bordes, de Riom ; — 2° Marie-Anne, née à ... le 8 mars 1780, mariée à Ennezat, le 20 frimaire an VII, à J.-B.-Charles Latour, de Vichy ; — 3° Jeanne-Victoire (?) ; —Charles, né à Ennezat le 8 novembre 1785, mort le 14 octobre 1787 ; — 5° Jeanne, née à Ennezat le 1er décembre 1786, morte le 22 mai 1789 ; — 6° Maurice, né à Ennezat le 30 avril 1788 ; — 7° Pierre, né à Ennezat le 8 novembre 1789 ; — 8° Victor ; — 9° Michel, né à Ennezat le 26 prairial an II ; — 10° Pierre, né à Ennezat le 13 messidor an IV.
  2. Les registres de l’état civil portent indifféremment Kaüsat, Kaüssat, Caussat, Kauzac, Kaussac, Caussac.
    Le nom de Cahuzac, adopté par M. Mège, est peut-être plus normal, mais moins authentique.