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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/240

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royale, car l’autorité militaire ne voulut pas se charger d’une pareille recrue[1]. »

Vers la fin d’août 1818, on le retrouve à Ennezat, continuant à vaguer çà et là et soulevant, comme son frère, les préoccupations de la police.

Le 20 mai, Victor Persat eut fantaisie d’une chasse aux loups dans les bois de Lezoux. Il chaussa ses bottes d’ordonnance, mit en bandoulière sa carnassière et sa gourde, posa sur l’épaule un fusil à deux coups et arriva vers midi à Pont-du-Château. Là, il s’attabla à l’auberge Mallet, en compagnie de deux paysans, en face de six bouteilles de vin, d’une bouteille de rhum et d’une bouteille d’eau-de-vie. Il annonça qu’il était le piéton de l’Empereur avec le grade de général, et qu’il ne précédait que de quelques jours son maître qui débarquait de Sainte-Hélène. Puis, après force libations, il gagna la route de Vertaizon.

Il cheminait dans son attirail de chasse lorsque, à l’entrée du village de Chignat, il se trouva face à face avec le brigadier Favet, de la brigade de Cunlhat, qui se rendait à Riom avec un de ses hommes pour témoigner dans un procès criminel. Étonné de voir un individu « au menton fourchu » gesticulant avec un fusil, le brigadier l’interpelle et lui demande son port d’armes. Pour toute réponse, il reçoit un coup de feu qui l’étend par terre, le flanc labouré de trois chevrotines et le bras gauche percé de part en part. Et tandis que le blessé est secouru par son compagnon, Persat s’éloigne à toutes jambes à travers champs.

Deux heures plus tard, la maréchaussée de Pont-du-Château, partie en hâte à la poursuite du fuyard, l’aperçoit perdu dans les vignes, faisant à sa gourde de fréquents appels dans l’espoir d’y repuiser des forces et d’y retremper son sang-froid. Les gendarmes fondent sur lui ; l’un d’eux lui assène un coup du canon de son mousquet sur la figure, un autre un coup de crosse dans la

  1. Une lettre du 17 mai 1818, adressée à Mme Persat, propriétaire à Riom, par M. Dutour de Salvert, sous-préfet, indique à cette dernière que le ministre de la police générale refuse catégoriquement l’entrée de la garde et même de tout corps de troupe à son fils, qui a donné tant de preuves d’extravagance et dont la famille encourra une responsabilité légale si elle n’empêche pas ses divagations.