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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/241

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poitrine. En vain cherche-t-il à parer l’attaque à l’aide de son fusil dont le chien s’abat, mais dont l’amorce fait long feu. Il est saisi, garrotté et conduit en prison.

Traduit pour ce fait devant la justice, il comparut aux assises du Puy-de-Dôme le 19 novembre suivant. L’organe du ministère public, M. Rochon de Valette, se montra impitoyable dans ses réquisitions. Heureusement, l’accusé avait pour défenseur M. Tailhand, l’avocat à la langue d’or, qui sut apitoyer ses juges au point d’en obtenir un acquittement pur et simple.

Persat recouvra donc sa liberté, mais il ne recouvra pas son bon sens.

Les brutalités dont il avait été victime au moment de son arrestation, les angoisses de la prévention, les émotions de l’audience avaient cruellement éprouvé cette intelligence vacillante dont le trouble s’aggravait de jour en jour. Tout se brouillait à certaines heures dans son esprit où se confondaient, dans un amalgame inexprimable, les souvenirs du passé et les impressions du présent.

Explique qui pourra ces combinaisons qui s’opèrent dans la boîte crânienne aux confins de la raison et de la folie et le jeu mystérieux des fibres et des moelles dont Gall et ses disciples ont été impuissants à surprendre le secret au cours de leurs observations d’anatomie physiologique.

Ce que seulement nous constatons, c’est que ce fut en cette année 1818 que se développèrent d’une façon décisive les germes encéphaliques préexistants qui devaient obséder désormais l’entendement du pauvre Persat et préparer sa métempsycose.

Son enfance, nous l’avons dit, avait été hantée par trois visions impressionnantes : celles de la libre Amérique, de l’orphelin du Temple et du légendaire La Fayette. Or voilà qu’en 1818 ces trois visions réapparaissaient à ses yeux comme de fatidiques réalités.

Au mois de novembre, en effet, le collège électoral de la Sarthe venait d’envoyer pour le représenter à la Chambre le fameux général, que son constitutionnalisme avait mis en défiance auprès des Bourbons et qui, depuis trois ans, vivait dans une retraite absolue. Il s’était assis à l’extrême gauche de l’Assemblée et avait