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Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/263

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essayé de se faire passer pour le Dauphin, fils de Louis XVI. Nous avions dit qu’il s’était embarqué pour la France. Il vient effectivement d’y arriver et il a débarqué au Havre où il s’est présenté en qualité de Charles X, roi de France et de Navarre. Il n’est parvenu jusqu’ici qu’à se faire passer pour fou et, malgré les titres et certificats qu’il produit en foule, M. le lieutenant du Roi, baron Lepic, n’a pas hésité à le faire mettre en lieu de sûreté. »

De la prison où il était enfermé, le captif pouvait, si l’on en croit le croquis n° 10, apercevoir la mer, la rade, le Galax et la tour du Phare que la fantaisie du dessinateur représente penchée pour marquer sa ruine prochaine en punition du crime dont le Havre venait d’être le théâtre à son égard.

Dès que les verrous se furent refermés sur lui, Persat saisit la plume pour confier à sa soeur, Mme la duchesse d’Angoulême, ses mécomptes et ses doléances.

De la prison du Havre, 27 octobre 1824.

À peine étais-je débarqué que les émissaires du marquis de La Fayette m’ont précipité dans les cachots où les façons dont on me traite et les figures sinistres de mes geôliers me font présumer que cette lettre ne vous parviendra pas. Je dois d’autant plus le croire que toutes mes précédentes sont restées sans réponse.

Je suis donc sans espérance, mais le plaisir de vous écrire est pour moi une consolation. Je sens un je ne sais quoi qui me dit que je vous reverrai avant de quitter cette terre de malheur. Oui, ma sœur, ma grande confiance en Dieu me donne le courage de supporter les peines les plus douloureuses que m’infligent sans cesse les intrigants auxquels l’ordre du roi, notre oncle, m’a livré.

Ils vous ont fait croire que j’avais l’esprit aliéné. La famille infâme qui m’a élevé a secondé les projets de ceux qui ont prétendu que les pays chauds seraient favorables à ma guérison. Soyez convaincue, ma bien chère Charlotte, que le but de ces individus, et surtout de leur chef dont l’hypocrisie doit vous être connue, que leur but, dis-je, en me faisant reléguer aux colonies, était de me faire souscrire à des lois qui les auraient investis de mon pouvoir. Si j’avais eu la faiblesse de céder à leurs désirs, jamais nous ne nous serions revus, car vous et mes parents se seraient opposés aux lois qu’ils m’auraient fait adopter. C’est pour cela qu’ils ont intercepté toutes les lettres dans lesquelles je vous donnais avis de leurs projets...