Aller au contenu

Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Je suis bien le fils légitime de défunt Louis XVI, cela n’est pas douteux, lui dit-il, mais je ne serai pas son héritier. Aucune puissance humaine n’est capable de me mettre à la place qu’a occupée mon père. Je demande une fois pour toutes trois millions de francs et la liberté de m’établir où bon me semblera, sous le nom que j’adopterai, qui ne sera connu que de mes bien-aimés proches parents. »

D’autres encore avaient pour destinataire M. Gélin, directeur de la prison, ou un avocat dont il invoquait les conseils et « qui serait pour lui un nouveau Malesherbes ou Tronchet ».

Le 14 août 1826, Victor Persat fut dirigé de Rouen sur l’hospice Saint-Yon, où on le classa à la clôture Saint-Luc.

Durant les neuf mois de séjour qu’il fit dans cette antique abbaye, transformée en asile des infirmes de la pensée, le malheureux interné tint de son existence un journal au jour le jour, tracé au gré du caprice et des impressions d’une imagination déréglée, fort justement appelée la folle du logis.

Nous en reproduisons quelques extraits dégagés des brumes hallucinées qui le plus souvent les enserrent.


Journal de ma conduite

18 août 1826. — J’ai été transféré dans une voiture fermée. Mes douces paroles, spirituellement émises, m’ont valu la bienveillance des gardiens. Cette bienveillance continue le 18, jour où commence mon journal.
Je fus introduit dans un emplacement très propice à sa destination et placé pour la nuit dans une petite chambre extrêmement propre. Le seul désagrément de ma position est de n’avoir pour société que des êtres qu’il y a plus d’intérêt à fuir qu’à fréquenter. Ce dernier coup du sort est le plus cruel et mes persécuteurs espèrent bien que je n’y résisterai pas.
Le 15, le médecin de l’établissement, le docteur Fauvelle, vint me voir.