Page:L’Auvergne historique, littéraire et artistique, série 3, tome 1, années 1893-1894, 1903.djvu/275

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3. — On a bien compris que ma lettre du 31 n’était qu’une ruse pour comparaître en justice. Il faut qu’on me poursuive, que l’on me traite comme le plus grand scélérat. Je ne pêche pas par ignorance ; je sais fort bien que le coupable de lèse-majesté encourt la peine de mort. Mais j’agis avec discernement, car on ne pourra pas établir que je ne suis pas le Dauphin. Peut-être voudra-t-on alors me supprimer, mais mes yeux pénétrants sauront me garantir du danger. Quelque chose me dit, qu’à l’exemple de Charles XII de Suède, je mourrai debout.

4 à 10. — J’ai communiqué au docteur mes Mémoires, le jugement qui m’a frappé, mes plaidoyers et une chanson en quatre couplets avec refrain que j’ai composée pour ma sœur Charlotte sur l’air : L’Eau et le Vin. À lui de voir si je suis aliéné ou non.
Pour lui donner une idée de mes connaissances politiques, je lui ai remis en même temps ma proclamation au peuple français et les projets de lois générales qui y sont joints. J’ai libellé aussi d’autres lois sur les colonies, sur la liberté des esclaves et sur la création d’établissements hospitaliers pour les convalescents, les indigents et les enfants abandonnés. Le plus ancien de ces enfants deviendra l’héritier de la couronne à défaut absolu d’héritier du sang.

11 à 17. — J’ai été élevé au sein du peuple. Je ne fais pas l’éloge de mes vertus ; je dis simplement que souvent l’on me priva de mon gâteau pour soulager l’indigence. À 16 ans, je m’enrôlai et combattis pour la patrie. Mon courage prouve que je saurai faire respecter les lois que j’édicte. Je serai tout à la fois aimé du peuple et de la noblesse.
En politique, je m’appliquerai à faire connaître la différence qu’il y a entre un bon et un mauvais républicain. Il faudrait quatre feuilles pour énumérer les vertus que doit posséder le premier. Le second n’a que le masque de ces vertus ; il se peint la figure, mais on le discerne en examinant scrupuleusement sa conduite.
En matière de religion, je déclare que la religion catholique me paraît la plus rapprochée de Dieu et montre mieux les choses telles qu’elles sont. Les autres visent au même but. Il serait téméraire à qui que ce soit de violenter les consciences : Dieu seul a ce pouvoir. Le bon exemple est la seule contrainte que l’on doive employer.
J’exposerais plus amplement mes idées si l’on m’accordait le papier nécessaire.

18 et 19. — J’ai remis au docteur un conte ou une histoire, comme l’on voudra, pour démontrer qu’intégrité en toute chose amène bonne aubaine, et pour lui faire entendre par là qu’il ne doit pas chercher à disculper ses confrères qui ont abusé de moi.