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Page:L’Héritier de Villandon - L’Avare puni, 1734.djvu/24

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L’AVARE PUNI.

Écoutant donc glapir une voix éclatante,
Il connut que c’étoit celle de la Suivante ;
Ce qui calma fort peu tous ses sens alarmez,
Qui pour deux à la fois se trouvoient enflammez.
Il entendit que d’un ton de colere
Elle disoit : Imbert, vous ne sçauriez me plaire,
Malgré tous vos airs doucereux :
Je vous l’ai déja dit, laissez-moi, je vous prie ;
Je n’entendrai pas raillerie :
Vous n’êtes qu’un Coquet fort gueux :
Puis malgré mon humeur, & malgré ma franchise ;
Je ne serois pas fille à faire une sotise,
Et tout de bon il me déplaît
De vous voir à l’heure qu’il est.
À cause que Monsieur vous aime & vous caresse,
Vous croyez avoir ma tendresse :
Mais il n’en sera pas ainsi :
Décampez donc vîte d’ici,
Ou je ferai grand bruit afin que l’on s’éveille.
Alors elle se tut. Artaut prêtant l’oreille,
Plein d’impatience attendoit
Ce qu’Imbert lui repartiroit.
Son attente fut vaine, il ne put rien entendre
De ce que le Blondin lui dit.
Mais aussi-tôt elle reprit :
Souvent on est puni d’oser trop entreprendre :
C’est en vain que vous parlez bas :
Je m’en vais faire un beau fracas.
Vous, promesse de mariage !
Vous qui n’avez le bien ni l’âge :
Si vous étiez bien riche, & fort maître de vous,

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