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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/110

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L’AMOUR SAPHIQUE

Près de cette belle personne, Suzette se sentait toute petite, toute chétive, presque gauche, mais sans en être humiliée, car l’autre mettait tout en hommage à ses pieds.

Après avoir tenté quelques caresses qui, reçues avec quelque émoi, mais sans indignation, lui apprirent que Suzette se livrait virtuellement, Mme B… lui déclara carrément son désir de liaison anormale, lui parla, à mots couverts, des plaisirs qu’elle lui réservait, et n’eut pas de peine à la déterminer à venir essayer de l’amour lesbien dans sa garçonnière.

Ce local n’avait rien de féeriquement luxueux, pourtant il était suffisamment élégant pour enchanter Suzette.

Et rien que l’idée de se trouver en pays défendu, dans un aimoir doublement vicieux, l’émoustillait agréablement.

Cependant, les premières fois, la jeune femme ne goûta point des plaisirs très grands. Elle était surtout prise cérébralement ; elle s’amusait de ces relations plus qu’elle n’en jouissait réellement.

Avec l’habitude, blasée sur le milieu, sur l’acte, elle en vint pourtant à la satisfaction sensuelle que lui apportaient ses étreintes.

Mme B… était le type accompli de la femme que nous étudierons plus loin sous le titre de la femme-mâle ou invertie.