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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/115

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LA FEMME ÉTERNELLEMENT FEMME

Il y a une nuance pourtant, à laquelle beaucoup se tromperont.

Prenons Suzette pour exemple.

Lorsque tout à fait familiarisée avec l’amour de Mme B…, elle en vint à contempler, à manier et à caresser la verge fausse de son amante, son plaisir était sincère.

Mais ce plaisir demeurait purement égoïste.

La vue, le toucher d’un organe sexuel qui lui faisait une complète illusion, la troublait, lui faisait éprouver une sorte de jouissance anticipée sur l’instant où son sexe serait pénétré par cet organe mâle. L’idée de la jouissance que ses attouchements, ses regards, ses caresses pouvaient faire éprouver au porteur de cette verge n’entrait point dans son esprit.

Quand elle sentait Mme B… frémissante, pantelante, sur elle, lorsque ses baisers et ses manipulations l’écrasaient, la brisaient, l’émotion de l’autre ne l’excitait point : elle était toute à sa sensation personnelle faite d’effroi et de désir passionné d’éprouver une terreur encore plus intense, de souffrir et d’être obligée de souffrir davantage.

Elle était absolument incapable de vibrer passionnellement autrement.

Une autre femme, également très femme, avait dans ses relations avec des hommes, une peur

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