Aller au contenu

Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
L’AMOUR SAPHIQUE


gellation ; en résumé, à tout ce qui, aux instants de l’amour, peut lui donner la suprématie sur l’homme qui devient, en quelque sorte, sa victime volontaire.

Jules G… avait pour maîtresse une femme qu’il adorait, avec qui il demeura en relation pendant six ans et que jamais il n’avait possédée, bien qu’il ne fût point impuissant et qu’avec d’autres femmes il remplît ses fonctions naturelles sans peine et même avec plaisir, quoique sans ardeur.

Durant toute sa première jeunesse, passée dans un pensionnat religieux, il avait servi volontiers de femme à ses maîtres et à ses camarades, et devenu âgé, ayant cessé de plaire à ses pareils, il conservait le goût d’être possédé.

Sa rencontre avec Germaine R… le combla donc de joie. Elle était comme lui une anormale, une invertie de naissance. Sans que la possession naturelle lui fût aucunement pénible, elle n’y goûtait que de pauvres plaisirs et ne jouissait pleinement que lorsqu’elle avait la sensation de posséder elle-même.

Elle avait eu plusieurs amants qui, par complaisance, lui avaient cédé pour certaines attitudes, certaines caresses où elle oubliait son sexe ; cependant, à aucun encore, elle n’avait osé parler de son rêve.