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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/131

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L’HOMOSEXUALITÉ FÉMININE


tit le nerf fait défaut, mais on possède l’autre extrémité et l’on ressent par celle-ci la sensation. Je n’ai pas la verge, mais je possède les nerfs qui y aboutissent et, par une faveur spéciale, ils ont le don de vibrer. »

Cependant, la vue et le toucher de sa maîtresse s’ils lui causaient un voluptueux émoi, étaient insuffisants pour l’amener au spasme. Comme pour l’homme, cet énervement lui était agréable, mais à condition qu’il ne se prolongeât pas trop longtemps et si, par suite d’une raison quelconque, elle ne pouvait jouir jusqu’au bout, elle frisait l’attaque de nerfs et se sentait mal à l’aise tout le jour.

« Lorsque, dans le lit, je maniais à loisir, ma maîtresse, continuait Mme B…, l’exaspération passionnelle croissait en moi. J’avais exactement l’illusion que la verge postiche que je portais au bas du ventre était un membre naturel, et, une fois, il m’est arrivé de pousser un cri de douleur atroce et spontané parce que Suzette, dans un moment d’effroi, l’avait saisi et serré à pleines mains. Tout naturellement, sans que j’y tâche, j’ai les gestes d’un homme qui s’apprête à la possession, et plus je vais, plus je m’affole de l’idée de vaincre, de dominer celle que je renverse sous moi, que je foule, que je pétris, que je meurtris avec délices. Enfin, quand je la sens au maxi-