Aller au contenu

Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
LES ABERRATIONS DE L’OUÏE


contentait pleinement sa lubricité qu’en se faisant embrasser par trois ou quatre femmes à la fois, dans un des salons du bal Mabille, aux sons de la musique de bastringue du bal. Son arrivée faisait sensation parmi les filles qui connaissaient ses goûts et savaient qu’elle était fort généreuse. Elle pénétrait dans le bal au bras de quelque « petit crevé », resplendissante de diamants, dédaigneuse de cacher sa personnalité, faisait trois ou quatre tours en désignant du bout de son éventail les élues. Ensuite, elle congédiait son compagnon et montait dans un cabinet, suivie de sa troupe qui était toujours composée de sept à huit filles.

On commençait par un plantureux souper où le champagne et les liqueurs coulaient à flots ; puis, sur un signe de la lascive marquise, l’orgie commençait. Dévêtue, étendue sur les coussins du divan, elle abandonnait son corps, qu’elle avait très beau, aux caresses simultanées de ses amoureuses d’un soir, chez qui la lasciveté réelle se doublait du frénétique désir de stimuler la générosité de la grande dame par un zèle particulier. Mais chose remarquable, c’est que cette femme ne se livrait à ces fêtes charnelles qu’en ce lieu et durant que l’orchestre jouait : c’était cette musique spéciale du bal public qui l’excitait.