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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/160

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L’AMOUR SAPHIQUE

L’influence voluptueuse de la parole, des cris d’amour, des exclamations, des mots jetés dans l’affolement sensuel augmentent infiniment pour certaines natures la jouissance au moment du plaisir.

Il y a des femmes qui, pendant le coït, se laissent aller à prononcer tout ce que la volupté leur suggère ; beaucoup se retiennent par pudeur, par crainte du ridicule. Auprès d’une femme, elles sont plus à l’aise, et c’est certainement dans les relations saphiques que la passion est le plus verbeuse et le plus caractéristique, dévoilant le mieux le caractère ou la bizarrerie de chacune des créatures en état d’amour.

Mme N… était d’ordinaire la femme la plus réservée qui se pût voir. Même avec des amies intimes, jamais un mot équivoque ne s’échappait de ses lèvres et elle rougissait visiblement quand un sujet scabreux était glissé dans la conversation. Et cette chasteté était réelle, naturelle et non point feinte par hypocrisie.

Puis, aux heures passionnelles, comme si une nouvelle femme se levait en elle, bavarde, ordurière, éjaculait tout ce que sa mémoire avait pu amasser de termes abominables, d’images obscènes.