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L’AMOUR SAPHIQUE

Dans le premier groupe, l’excès du plaisir se traduisait par des mots exprimant une terreur exagérée, des supplications, une souffrance imaginaire.

Les « patientes » criaient grâce, imploraient la pitié, suppliaient que l’on finît leur martyre. Bien entendu il ne fallait pas les prendre au mot et leur tourment leur était précieux.

Cependant, elles étaient à demi sincères et leur trouble passionnel, leur vertige confinait de très près à la douleur que leurs paroles affirmaient.

Le second groupe comprenait des femmes chez qui l’érotisme déchaînait le besoin de prononcer des mots grossiers, d’évoquer des images obscènes, la plupart du temps incohérentes. Certaines répétaient insatiablement un mot, une phrase ordurière, s’en gargarisaient, semblaient s’enflammer avec ces syllabes au poivre.

Et, la professionnelle de qui nous tenons ces précieuses remarques psychologiques faisait observer que ces folies de langage surgissaient spécialement chez les femmes du monde, à la conversation habituellement châtiée, et qu’elles ne comportaient point forcément le goût de l’obscénité pour tout ce qui touchait aux questions passionnelles.

Par exemple, une de ses amantes proférait