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LES ABERRATIONS DE LA VUE

Je cherchais je ne sais quoi, quel accouplement… Mais rien, ces doux animaux se comportaient avec la plus extrême décence et, d’ailleurs, les sexes devaient être séparés.

Mme V… me regarda un instant avec un étonnement mêlé de confusion :

— Vous ne remarquez pas ?

— Non !

— Eh bien ! mais… ce mouvement de leur museau.

Je fis :

— Ah ! oui, oui.

Comme si j’avais clairement pénétré sa pensée ; alors, elle eut un sourire voluptueux, me serra la main d’un geste crispé et se détourna :

— Tenez, allons-nous-en ! fit-elle subitement, parce que cela me bouleverse… et ce n’est pas raisonnable à mon âge.

Je n’ai jamais osé l’interroger directement, de sorte que j’avoue n’avoir jamais compris au juste ce qu’elle apercevait de si particulièrement voluptueux dans le museau d’un lapin se fronçant avec l’agitation que l’on connaît.

Un docteur de province me cita le cas de sa cuisinière qui, faisant usage d’une rôtissoire à arrosage mécanique, ne pouvait apercevoir le jus gras du poulet retombant goutte à goutte dans la lèchefrite sans sentir immédiatement un indicible prurit à son sexe.

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