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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/232

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L’AMOUR SAPHIQUE


blancheur anémique, de cheveux abondants couleur de chanvre, d’yeux bleu pâle un peu égarés, mais semblant pleins de rêve et de vague souffrance.

Ses grands yeux innocents, son expression de langueur douloureuse impressionnaient singulièrement la patronne. Et, bientôt, ses tracasseries envers la pauvre fille prirent un caractère tout spécial. Il semblait que tout lui fût prétexte pour amener dans ce regard de demi-idiote une expression de souffrance plus frappante, plus nette et qui, perçue, lui causait un choc agréable, une émotion véritablement voluptueuse.

Peu à peu le désir de la veuve de torturer cette jeune fille devint plus impérieux.

Néanmoins, elle voulait garder des dehors corrects, et jamais sa tyrannie ne s’exerça en public.

Devant les autres ouvrières, Mme L… se montrait, pour Marie, ni plus ni moins rêche et persécuteuse que pour les autres.

Lorsque la sortie de l’atelier était effectuée, la scène changeait.

La femme de ménage ne faisant son service que jusqu’à deux heures, à partir de six ou sept heures, Mme L. et Marie se trouvaient entièrement seules dans l’appartement. Alors le supplice de l’orpheline commençait.