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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/233

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LE SAPHISME SADIQUE

Il était d’abord moral. Marie, très superstitieuse, croyait aux revenants ; Mme L… lui en faisait apercevoir partout et, par mille ruses, la faisait tomber dans des transes inimaginables. Puis, profitant de la crédulité de sa victime, elle la persuadait que, durant les heures nocturnes, elle était transportée en enfer, où l’âme de Mme L…, elle-même, était chargée de la tourmenter.

Dès que Marie était endormie dans la chambre où sa patronne l’enfermait, celle-ci survenait, nue sous un peignoir flottant, les cheveux épars sur les épaules, le visage sinistre, un fouet à la main, et de l’autre portant une petite lampe.

L’innocente était éveillée par des morsures, des coups, des pinçons, jetée à bas du lit, son vêtement de nuit arraché et les coups pleuvaient sur sa nudité.

Le lendemain, elle se taisait, terrifiée par les menaces du « fantôme » et, d’ailleurs, persuadée que nul ne pourrait lui venir en aide.

Ce martyre, qui dura deux ans, fut enfin découvert, parce que, dans son délire cruel, Mme L… finit par briser le bras de sa victime.

On dut appeler un médecin qui découvrit des traces tellement significatives de sévices sur le corps de la malheureuse Marie qu’une enquête eut lieu où la vérité se fit jour.