Le prix de la pension était peu élevé et Mme R… faisait valoir comme avantage que l’on ne donnait jamais de congés ni de vacances aux élèves durant toute l’année, sauf lors de l’ordre exprès des mères. Celles-ci se gardant bien de réclamer leurs filles dont la présence chez elles ne pouvait que les gêner, les enfants demeuraient l’année entière au pensionnat, entièrement livrées aux fantaisies de la directrice.
La vie au pensionnat de P..... pour les pauvres petites filles n’était pas sans avoir quelque ressemblance avec celle des misérables élèves de la pension Squeers, dans le célèbre roman de Dickens.
Comme chez Squeers, les élèves faisaient tout l’ouvrage de la maison, ne recevaient qu’une nourriture déplorable, et l’instruction qu’on leur délivrait était des plus rudimentaires. Comme chez Squeers également, les châtiments corporels pleuvaient. Mais Mme R… et Sylvia, hystériques et sensuelles sadiques, avaient imaginé de grotesques et sinistres raffinements en ces corrections dont elles abreuvaient leurs victimes.
Voici ce que le procès mit au jour, lorsque ces misérables furent enfin dénoncées par l’une des enfants, moins terrorisée, moins abrutie et plus énergique que ses compagnes de douleur et de honte.