Page:L’indépendance de la Corée et la paix.djvu/41

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agressives étaient même lues aux petits écoliers et expliquées tout au long dans les livres de classe de géographie et d’histoire. D’un autre côté, la faiblesse de la Chine étant apparue, le vieil Empire devint, non seulement l’objet de l’agression Japonaise, mais une source de danger pour le prestige Japonais, depuis que la Chine était tombée sous l’influence des Puissances Européennes en leur accordant concessions sur concessions. La « Politique Chinoise » du Japon fut et est encore décrite comme étant « une politique de craintes » du côté Chinois ; mais c’est plus que cela. Le Japon craint que la Chine soit sous la domination des Puissances Européennes et la crainte est assez justifiée. Mais le Japon craint aussi que ses intérêts et sa suprématie dans le vieil Empire soient compromis, et, pour réagir, il nourrit les plus noirs projets. C’est ce que l’on appelle quelquefois « la Politique Continentale du Japon » comprenant le formidable programme Yoshida. Sa politique mondiale peut être résumée comme suit :

a) Extension d’outre-mer. — Pour encourager l’émigration, tout à la fois aux continents Américains et aux îles Océaniques, autant que les circonstances le permettent, de façon à ce que l’idée de pénétration pacifique puisse être réalisée.

En excitant le peuple Indien contre la domination britannique ; l’Indo-Chine Française, Java et Sumatra à la Hollande et les îles Philippines à l’Amérique peuvent être aisément annexées si la moindre occasion se présente ;

b) Le Programme Yoshida. — Comme il est exposé ci-dessus.

c) Le Programme Continental. — Pénétrer dans les sphères occidentales de la Chine de telle sorte que la Chine entière soit réellement sous la domination du Japon en favorisant la dissolution de la République Chinoise et en y créant des partis antagonistes. Pénétrer aussi en Mongolie et imposer un protectorat sur le vaste pays, tout en extorquant autant que possible les avantages économiques de la Sibérie.

La Politique exécutée.

a) L’Extension d’outre-mer. — L’ambition Japonaise à cet égard est essentiellement dirigée contre les Puissances coloniales. Le Japon a courtisé Mexico avec les intentions les plus noires, comme il fit avec la Corée. Il a récolté quelques sympathies parmi les Mexicains dont l’anti-Américanisme et le pro-Japonisme ont provoqué de telles scènes scandaleuses, comme d’insulter ouvertement le « Stars and Stripes », tandis qu’on acclamait le « Soleil Levant » dans la capitale du Mexique. Il est confirmé aussi que le Japon a aidé les Mexicains en leur fournissant des munitions. Mais la doctrine de Monroë qui est constamment ridiculisée et dénoncée dans la presse et les écoles Japonaises et dans les Clubs de Tokio, s’est rendue complètement compte du danger qu’elle courait de l’autre côté du Pacifique. Le Japon a sursis pour un moment, mais il n’a pas abandonné son espoir.

La politique de pénétration pacifique dans le Continent Américain (les États-Unis et les Possessions Anglaises du Canada) est encore un sujet de controverses sans issue. La demande de traitement égal pour toutes races faite par le Japon à la Conférence de la Paix, à Paris, aurait rallié tous les peuples de l’Asie Orientale, si elle contenait quelque parcelle de sincérité, si elle émanait d’un « Prométhée des Peuples Asiatiques », du « Défenseur de la culture de l’Asie Orientale ». Cette demande avait réellement pour but de servir les émigrants Japonais des Continents Américains et du Pacifique du Sud. Mais comme il est clair que cette demande était une émanation de la politique d’outre-mer, aucun des peuples de la même race que les Japonais ne l’accueillerait avec sympathie.

Les Philippines se plaignent que leur mouvement d’Indépendance aurait dû être réalisé depuis longtemps, si le Japon avait abandonné son rêve d’agression contre le Pacifique du Sud. Le peuple Javanais déclare que ce qui importe tout d’abord et ce qui est le plus important pour son Indépendance et autonomie est « d’aider l’élément raisonnable du Japon » à écraser l’Impérialisme Japonais, tandis que le peuple Hollandais s’inquiète de ne pouvoir établir de bonne relation avec ses « Frères Coloniaux » à cause du danger Japonais. Tandis que quelques-uns des pensifs Indiens gardent une attitude critique contre l’aide bénévole Japonaise pour leur aspiration, les Australiens et les Nouveaux-Zélandais durent prendre parti contre l’Allié de leur Mère-Patrie.

Ainsi la politique agressive Japonaise d’extension d’outre-mer n’est pas seulement contre les intérêts vitaux des Puissances du Monde, mais par-dessus tout contre les peuples d’Extrême-Orient puisqu’elle empêche leurs propres aspirations. Le Japon lui-même savait depuis longtemps que l’exécution d’une telle politique ne trouverait pas seulement de grandes difficultés, mais aussi rencontrerait une réprobation universelle.

b) Le Programme Yoshida. — N’ayant pas abandonné l’espoir de l’extension d’outre-mer, le Japon dut se tourner vers une autre direction. Le programme Yoshida avait déjà été partiellement mis à exécution aux dépens des peuples faibles, quand l’idée d’une extension d’outre-mer naquit… Le Japon avait annexé les îles Kuriles dans le Nord, il avait aussi annexé les îles Loochoo, qui étaient d’origine un royaume vassal de la Corée. L’annexion de ces îles n’a pas seulement apporté à l’Empire Japonais une