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et française.

L’article est défini, indéfini, ou partitif. Défini, signifie littéralement une chose circonscrite dans un domaine connu : indéfini, une chose sans limites connues : partitif, une chose ou divisée ou divisible.

Du nom substantif.

Le nom substantif exprime l’idée d’un objet physique : ouhai, soûmî : oiseau, poutre. Il exprime aussi une chose qu’on peut concevoir : Graûss, bèté : grâce, beauté. Il se reconnaît quand il peut être précédé de un, une, ou les : O mâvi, inn champènn, lè crabau : un merle, une grive, les corbeaux.

Le nom est propre, commun, collectif, ou abstrait.

Le nom propre fait spécialement connaître la personne ou la chose : sa lettre initiale, est une majuscule.

  • L’ bon Diew kidu l’ Solo : Dieu dirige le Soleil.
  • Li Flôr di Legeûnn : la Flore de Lejeunne.
  • Li Moûss et l’Rin : la Meuse et le Rhin.
  • Pu friss ki Vénuss : plus fraîche que Vénus.
  • Ghan Matî èt d’Ennzivaû : Jean Matthieu est d’Enzival.
  • Mi chen s’lomm Bibi : mon chien répond à Bibi.

Le nom commun se dit de plusieurs choses semblables : sa lettre initiale est une minuscule, quand la ponctuation ou l’alinéa n’en décide pas autrement.

  • Châss et solé : bas et soulier.
  • De-zâb à boîr de-zaiw : des arbres aux bords des rivière.

Le substantif collectif offre à l’esprit un assemblage considéré comme un tout : nation, forêt, armée.

Le substantif abstrait exprime une chose qui ne se voit qu’avec les yeux de l’âme : le vice conduit à l’infamie, la vertu au bonheur.

L’addition de s forme le pluriel des noms : Dieu voit nos action-s, et lit dans nos cœur-s.[1]

Les noms terminés par s, x, z, ne varient jamais : sons, voix, nez.

La plupart des noms qui se terminent par au, eu, ieu, ou, prennent un x à la pluralité, drapeau-x, feu-x, lieu-x, bijou-x.

  1. Je lis dans les grammaires : « On écrit sans s au pluriel, les mots qui viennent du latin et d’autres langues ; tels que duo, trio, errata, alinéa, zéro, quiproquo, etc. Cependant on écrit avec un s au pluriel, des opéras, des duos, des numéros, etc. »

    Quelle rectitude de principes ! mettez un s au pluriel, car le mécanisme de notre langue l’ordonne : ne mettez pas d’s, car il faut orthographier sur je ne sais quelle langue, qui était vivante il y a quelque vingt-cinq siècles. Voilà la judicieuse conséquence des étymologistes. Notre esprit familiarisé avec le signe pluriel, avec une distinction consacrée par le code grammatical, ne peut admettre des exceptions repoussées par l’intelligence. Du moment qu’un mot est employé, dans une langue, il est soumis à sa législation : et malgré les clameurs des routiniers, j’écrirai des erratas, des quiproquos, etc.