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et française.

Après tous les verbes qui expriment le doute, l’incertitude, la crainte, le scrupule, le désir, le besoin d’ordonner, de prescrire, de supposer ; enfin, quelque passion ou affection ; que gouverne le subjonctif : Je doute qu’il soit bon père. — Je crains qu’il n’obéisse jamais. — Il faut qu’il meure, qu’il périsse de ma main. — Je veux que tu partes. — Supposons qu’ils soient partis.

Après les verbes qui n’expriment aucun mouvement de l’âme, et surtout ceux qui annoncent la certitude, la conviction, que gou verne le futur et le conditionnel : Je suis certain qu’il changera, qu’il se convertira, etc.

Si les verbes qui expriment la passion, l’affection, etc. ont l’acception interrogative ou négative, il faut mettre un second verbe au subjonctif : Êtes-vous sûr qu’il réussisse ? — Je ne suis pas certain que vous obteniez l’emploi que vous convoitez.

La règle précédente est susceptible de quelques exceptions locales, amenées par le besoin de fixer la pensée ; si l’interrogation est faite dans l’esprit du doute, que gouverne le subjonctif : si elle est exprimée avec l’intention de la certitude, il cesse de le gouverner : croiriez-vous que Pierre est condamné ! Intention sous-entendue : Je sais parfaitement que Pierre EST condamné. Mais dans l’incertitude il faut dire, par interrogation : Croiriez-vous que Pierre soit condamné ? Il faut remarquer que, même dans sa première acception, la phrase paraît avoir tous les élémens qui commandent l’emploi du subjonctif.

Après avoir réfléchi sur la règle ci-dessus, on se fera cette ques tion : Dans quel sens faut-il dire :

Penseriez-vous que tous nos maux sont ou soient finis ?

On trouvera cette solution grammaticale :

Plus de doute, nos maux sont finis : je doute que nos maux soient finis.

Les pronoms relatifs que, qui, , dont, etc. servant à lier un adjectif de supériorité avec un verbe, régissent le subjonctif : Ce savant, le plus aimable que je connaisse, a la femme la plus maussade qui ait jamais existé. — C’est un des cas le plus fâcheux ou jamais homme se soit trouvé, et dont il ait jamais été parlé.

Par connexion avec la règle précédente on dit, en parlant exclusivement : c’est l’unique mal que je puisse redouter ; et c’est le seul, homme qui soit mon ennemi, qui en sera l’auteur.

Que employé après si, dans une acception conditionnelle, régit le subjonctif : si vous jeûnez, et que vous jeuniez longtems, je ne réponds pas de votre santé.

L’expression conditionnelle régit un second verbe à l’imparfait ou au plusque-parfait du subjonctif ; quoique le premier verbe soit au présent, ou au futur de l’indicatif : je doute que votre père refusât de me protéger, si je réclamais ses bons offices. — Je douterai toujours que votre père m’eut refusé, si j’eusse réclamé sa protection.

Après le présent de l’indicatif, que gouverne le présent du subjonctif : Je souhaite que vous supplantiez votre rival.

Précédé de l’imparfait ou du conditionnel présent, que régit l’imparfait du subjonctif : Je désirais que vous vinssiez : je désirerais que vous m’apprissiez la syntaxe.